La République Démocratique du Congo fait face à une crise humanitaire d’une ampleur tragique, exacerbée par la prise de Goma par le M23 soutenu par le Rwanda. Depuis le début de l’année 2023, près de 700 000 Congolais ont été contraints de fuir leurs foyers à cause des violences croissantes dans l’est du pays. L’occupation de villes stratégiques comme Goma et Bukavu a ajouté une nouvelle dimension à cette crise, obligeant des milliers de familles à se déplacer encore plus loin dans des conditions extrêmement précaires.
Avant l’aggravation de la situation, des milliers de personnes avaient trouvé refuge à Goma et Minova, fuyant les attaques incessantes des rebelles dans les territoires voisins de Masisi, Lubero et Rutshuru. Cependant, le 9 février, suite à un ultimatum du M23, des camps de déplacés ont été démantelés, forçant de nombreuses familles à retourner dans des zones déjà dévastées par les violences. Le retour s’est effectué dans des conditions d’extrême vulnérabilité, alors même que les ressources humanitaires sont déjà sous pression et qu’il est de plus en plus difficile d’apporter une aide adéquate.
Des conditions d’urgence de plus en plus complexes
L’ampleur du besoin est telle que les organisations humanitaires peinent à suivre le rythme des déplacements. Le porte-parole du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), Eujin Byun, souligne que de nombreux entrepôts humanitaires ont été pillés pendant les combats, et les routes vers les points de distribution restent dangereuses et difficilement accessibles. « L’aide humanitaire doit être acheminée à travers des corridors sécurisés, mais l’accès reste un défi majeur », a-t-il expliqué, insistant sur la nécessité de rouvrir les infrastructures stratégiques, comme les aéroports et les ports, pour permettre l’acheminement rapide des vivres et autres fournitures essentielles.
La situation est particulièrement dramatique à Goma, où des milliers de déplacés ont trouvé refuge dans des bâtiments abandonnés, des hôpitaux ou des écoles vides, certains étant contraints de dormir en plein air. Il devient de plus en plus difficile de dresser un tableau précis de la situation, car de nombreux déplacés ont disparu dans la nature ou se sont dirigés vers des villes voisines. Les estimations du nombre exact de déplacés sont désormais imprécises, mais ce qui est certain, c’est que la population est dans un état de désespoir profond, et les infrastructures d’accueil ne sont plus en mesure de faire face à cette crise.
Des déplacements en cascade et des défis d’accès humanitaire
Au Sud-Kivu, les déplacés continuent de fuir vers Bukavu, tandis que certains tentent de traverser la frontière vers le Burundi, mais là aussi, les humanitaires peinent à atteindre ces populations. Le nombre exact de personnes déplacées dans cette région est inconnu, mais les responsables estiment que, si les combats persistent, cette situation risque de s’aggraver considérablement.
Pour les organisations humanitaires, l’accès à ces régions reste un défi majeur. Le manque d’infrastructures, la destruction des camps et l’intensification des attaques rendent toute intervention plus complexe. Si la situation continue de se détériorer, la région pourrait se retrouver face à un nombre de déplacés internes bien plus important qu’actuellement, exacerbant davantage une crise humanitaire déjà critique.
Un appel à la solidarité internationale
Face à cette crise, la RDC a besoin d’une aide internationale immédiate et renforcée. Les organisations humanitaires doivent pouvoir accéder aux zones en conflit pour fournir une assistance rapide et efficace aux populations déplacées. Une réponse collective à la crise est essentielle pour stopper l’aggravation de la souffrance et pour donner aux déplacés une chance de rétablir une vie normale, loin de la violence et de l’incertitude.
L’appel à l’ouverture de corridors humanitaires sécurisés et à l’acheminement d’aide est plus que jamais d’actualité. La communauté internationale doit agir rapidement pour éviter une catastrophe à grande échelle et offrir un peu d’espoir à des milliers de Congolais pris dans les griffes de ce conflit dévastateur.
