Le régime de Kigali fait face à une vague de sanctions sans précédent. Après la Belgique, ce sont désormais le Canada, l’Allemagne et le Royaume-Uni qui ont pris des mesures fermes contre le Rwanda en raison de son implication avérée dans le conflit à l’est de la République démocratique du Congo (RDC) via le groupe rebelle M23. Lundi, Ottawa a dénoncé une « violation flagrante » de la souveraineté congolaise et annoncé une série de restrictions à l’encontre de Kigali.
Le Canada hausse le ton
Dans une déclaration conjointe, Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, Ahmed Hussen, ministre du Développement international, et Mary Ng, ministre de la Promotion des exportations, ont exprimé leur condamnation la plus ferme à l’égard de l’avancée du groupe rebelle M23, qui a récemment conquis plusieurs localités dans l’est congolais.
Outre cette condamnation, le Canada a suspendu l’octroi de permis d’exportation de biens et technologies vers le Rwanda, gelé toute nouvelle collaboration commerciale entre les deux gouvernements et restreint son appui aux entreprises privées engagées dans des relations économiques avec Kigali.
Par ailleurs, Ottawa a annoncé une réévaluation de sa participation aux événements internationaux organisés par le Rwanda, tout en remettant en question les candidatures de Kigali pour accueillir de futures rencontres internationales. Dans cette dynamique, le Haut-commissaire rwandais au Canada a été convoqué par Affaires mondiales Canada afin d’être informé des décisions prises par le gouvernement canadien. Ottawa a également fait part de sa vive inquiétude face aux exactions perpétrées par le M23 dans l’est de la RDC, notamment les attaques contre les civils, les déplacés internes, les humanitaires ainsi que les forces de maintien de la paix onusiennes et régionales.
« Nous sommes particulièrement préoccupés par les violences sexuelles liées au conflit qui visent de manière disproportionnée les femmes et les jeunes filles », ont insisté les ministres.
Berlin durcit sa position
L’Allemagne n’est pas en reste. Mardi, Berlin a annoncé la suspension de ses nouvelles aides au développement destinées au Rwanda en raison de l’offensive du M23, soutenue, selon les experts des Nations unies, par l’armée rwandaise.
« Nous suspendons tout nouvel engagement financier et procédons à une réévaluation de la coopération en cours avec le gouvernement rwandais dans le cadre de l’aide au développement. De plus, la participation de haut niveau aux événements de politique de développement organisés par Kigali est suspendue », a précisé le ministère allemand de la Coopération.
Berlin a fermement condamné l’offensive du M23, notamment la prise de villes stratégiques comme Goma et Bukavu, estimant qu’il s’agissait d’une « violation inacceptable de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC ». Lors des échanges avec les autorités rwandaises, l’Allemagne a réitéré ses exigences : « le retrait immédiat des forces armées rwandaises et l’arrêt du soutien au M23 ».
Un soutien humanitaire renforcé
Face aux conséquences humanitaires désastreuses de cette crise, le Canada a débloqué une enveloppe de 15 millions de dollars canadiens pour venir en aide aux populations affectées en RDC. Cette aide vise à répondre aux besoins urgents des personnes déplacées et à soutenir les efforts des organisations humanitaires sur le terrain.
Par ailleurs, Ottawa a réaffirmé son engagement en faveur des initiatives diplomatiques régionales, notamment celles portées par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et l’Union africaine. Le gouvernement canadien a exhorté toutes les parties prenantes à respecter les accords de Luanda et de Nairobi pour parvenir à une résolution pacifique du conflit.
Depuis plusieurs mois, Kinshasa ne cesse d’alerter la communauté internationale sur le rôle du Rwanda dans l’instabilité à l’est du Congo. Le régime du président Félix Tshisekedi a multiplié les appels pour que des sanctions fortes soient prises à l’encontre de Kigali, considéré comme un soutien majeur du groupe armé M23.